Acteur du cloud souverain et de confiance, NumSpot est un nouveau venu sur ce marché aussi complexe que prometteur. Son président exécutif, Alain Issarni, détaille les enjeux qui président à cette initiative remarquée.
Dix ans après une première expérience contrastée, le cloud souverain revient en force. Avec quels objectifs ?
Les choses ont beaucoup évolué. Avec la société NumSpot, créée voilà presque un an, nous proposons un cloud qui n’est pas seulement souverain. Il est aussi de confiance. Concrètement il échappe aux lois d’extra-territorialité. Ces notions de sécurité, de confiance, de respect du secret des données, je les ai acquises dans mon parcours de DSI à la caisse nationale de l’assurance maladie, et auparavant à la Direction générale des finances publiques. Le secret médical et fiscal, pour ne prendre que ces deux exemples, est crucial. Pour résumer, nous voulons offrir une prestation qui combine parfaitement le juridique, la sécurité et la liberté.
Comment agir lorsque les acteurs américains sont aussi dominants ?
Trois grands acteurs américains, en l’occurrence Amazon Web Services, Microsoft Azure et Google Cloud, se partagent actuellement à peu près 70% du marché. A nous de faire émerger de belles alternatives, fondée sur l’idée de liberté. D’ailleurs, sur le plan des usages et de la technique, l’état de l’art est guidé par l’open source, donc les logiciels libres. Ce n’est pas une question de protectionnisme, plutôt la volonté de permettre aux entreprises, et aux utilisateurs d’une façon générale, d’avoir davantage de choix pour pouvoir prendre des décisions éclairées.
Comment évolue la certification SecNumCloud ?
C’est une certification très exigeante. Pour le moment, seule une poignée d’acteurs sont reconnus, parmi lesquels Outscale, sur l’infrastructure duquel nous nous appuyons, mais aussi OVHcloud, Oodrive, Worldline et Cloud Temple. Il me parait souhaitable qu’il existe un nombre substantiel d’opérateurs certifiés. Il est préférable d’avoir un grand marché SecNumCloud où chacun participe et réussit, plutôt qu’un petit marché où l’on serait majoritaire. Sur le plan théorique comme pratique, je suis favorable à l’initiative. Je crois à l’envie de faire, à l’audace, à l’ouverture, pas à la fermeture et au rétrécissement. Il n’y a pas de fatalité à ce que le cloud appartienne aux plus gros.
A quel niveau se situe la France ?
Pour tout ce qui concerne l’informatique à la demande et la tarification à l’usage, la France n’a pas encore tout à fait rattrapé son retard. Il faut reconnaître en effet que les pays anglo-saxons ont adopté le cloud avant tout le monde. Dans ce contexte, la cible que nous visons chez NumSpot, c’est vraiment les secteurs stratégiques et sensibles, où il reste beaucoup à faire.
Quel mode de commercialisation privilégiez-vous ?
Il existe des marchés qui fonctionne en vente directe, mais cela ne suffit pas. On ne peut aller totalement en vente directe. Il faut se faire aider par les ESN sur un mode gagnant-gagnant : d’un côté, on ne saurait tout faire en matière de commercialisation et, de l’autre, les sociétés de services sont là pour fluidifier et optimiser le processus. Mais il n’y a pas que les ESN qui interviennent dans la chaîne de valeur. NumSpot travaille également avec des éditeurs, qui, de plus en plus, proposent des offres SaaS. Enfin, il faut compter avec les grossistes, distributeurs et logisticiens. Pour autant, il est un peu tôt pour fournir des indications et des objectifs chiffrés. Une chose est sûre cependant, les éditeurs, intégrateurs, distributeurs, revendeurs et sociétés de conseils constituent notre écosystème de partenaires.
« Trois acteurs américains se partagent 70% du marché, à nous de faire émerger des alternatives »
Bio express
Ancien élève de Polytechnique, il est diplômé de l’Ecole nationale supérieure de l’aéronautique acquis auprès de la Stanford University. Son expérience de DSI dans de grandes organisations du secteur public lui vaut d’être reconnu par ses pairs et le prépare à des fonctions de management dans le cloud de confiance, en l’occurrence chez NumSpot, où le respect des données personnelles est un postulat sacré.