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« Acteurs européens de l’IA : faites vos jeux ! » par Imène Kabouya, Associate Partner chez Wavestone

L’intelligence artificielle a fait une entrée fracassante sur le podium des sujets les plus discutés dans le monde en 2023, depuis le lancement de ChatGPT. Un an plus tard, son créateur, Sam Altman, défrayait la chronique avec son éviction surprise puis sa réintégration au sein de sa propre entreprise. Cette nouvelle figure emblématique de la technologie la plus influente du moment apparaît, pour les uns, comme un Gutenberg des temps modernes nous donnant accès à un niveau inédit de connaissances, et, pour les autres, comme la réincarnation d’Oppenheimer qui, bien malgré lui, fait planer sur l’humanité le risque de sa destruction. Si la réalité est beaucoup plus nuancée que cela, elle nous renvoie tout de même au vieux schisme qui fracture l’IA depuis des décennies, et pose une question pratique : quel avenir nous réserve cette (r)évolution ? Et quelle place y occupera l’Europe ?

Un schisme idéologique à la racine de l’IA

Le monde de la technologie se divise selon deux visions antagonistes de l’IA : les « altruistes efficaces », qui se réclament du concept d’utilitarisme et se donnent pour mission de prévenir les risques existentiels de l’IA, et les « techno-optimistes », qui voient en cette discipline le prochain âge d’or de l’humanité, et poussent à aller de l’avant.

Les rebondissements autour de l’éviction de Sam Altman de sa société ont mis en évidence une autre dichotomie, entre ceux qui défendent des valeurs dans l’IA et ceux qui « courent après la création de valeur » générée par l’IA ; et tant pis pour les dommages collatéraux.

Mais une troisième voie est possible, celle du « pragmatisme volontairement optimiste », à la fois ancrée dans la réalité économique et conçue pour servir le progrès de l’Humanité. Cet équilibre s’illustre d’ailleurs parfaitement avec le rapport de la commission de l’IA remis au président Emmanuel Macron le 13 mars dernier ou bien avec l’AI Act, adopté par le Parlement européen le même jour. Cette nouvelle réglementation, dédiée à l’IA, instaure une certaine fermeté sur ce qui peut ou ne peut pas être fait avec cette technologie, tout en ouvrant un champ de souplesse propice au développement de l’innovation et à l’émergence de petits acteurs.

Réveil de la souveraineté technologique

L’affaire Sam Atman a donné des sueurs froides aux entreprises qui avaient fait le choix exclusif du modèle Open AI. Les entreprises européennes ont tout particulièrement perçu le risque de se retrouver, une fois de plus, captives d’une société américaine. De cette tragédie cybernétique, elles ont tiré deux enseignements majeurs.

Le premier est qu’en matière d’IA, elles ne doivent surtout pas « donner leur langue au chat GTP », une expression reprise du titre de l’ouvrage de Gilles Moyse (ndlr : Donnerons-nous notre langue au ChatGPT, 2023, éditions Le Robert). Il faut, au contraire, qu’elles diversifient leurs investissements pour, d’une part, juguler leur risque de dépendance à un nombre limité de fournisseurs et, d’autre part, à compartimenter les usages. Car même si des modèles capables, en apparence, de tout faire suscitent l’intérêt du plus grand nombre, l’avenir de l’IA semble davantage se tourner vers des modèles spécialisés et conçus pour accomplir des tâches spécifiques. Le second enseignement tiré par les entreprises européennes est qu’elles ont tout intérêt à miser sur un écosystème local : l’autonomie stratégique et la souveraineté en matière d’IA s’imposent désormais comme des impératifs économiques.

D’ailleurs, l’année 2023 a été marquée par le développement d’alternatives européennes sérieuses, notamment dans le domaine de l’open source, telles que Mistral AI ou LightOn en France, et par des levées de fonds records laissant espérer l’éclosion d’un écosystème européen diversifié.

L’IA industrielle et sûre : deux avantages stratégiques sur lesquels l’Europe peut miser

Autre lueur d’espoir, les récentes levées de fonds réalisées dans le domaine de l’IA soulignent un changement de tendance en Europe : les investissements de croissance et les partenariats industriels, hier point faible de la tech européenne, s’intensifient pour accompagner la montée à l’échelle rapide de pépites locales. La dernière levée de fonds réalisée par l’entreprise allemande Aleph Alpha en est la parfaite illustration.
En effet, si les acteurs européens n’apprennent pas vite à se confronter au marché, et s’ils ne se dotent pas de modèles économiques soutenables et rentables, ils n’auront aucune chance d’exister face aux grands acteurs américains.
Et afin d’exister, les offres européennes doivent également se différentier de leurs concurrentes outre-Atlantique. Pour cela, elles peuvent miser sur deux axes de différentiation : la verticalité industrielle et la sureté.

Le sur-mesure, le spécifique, le « BtoB » plutôt que le produit grand public à la ChatGPT, si propre à la culture de grande consommation américaine, est un terrain de jeu sur lequel l’Europe, plus attentive aux spécificités, a les moyens de se démarquer. Même si le vieux continent n’a pas de géants de la tech, il compte quelques fleurons industriels d’envergure mondiale et un écosystème de R&D capables de prendre le leadership sur des IA industrielles, forts d’expertises en matière d’ingénierie système, de supervision et de sûreté.
De plus, une IA réservée aux usages d’entreprise, notamment les usages industriels, manipulant des données plus sensibles que les données individuelles, va de pair avec le développement d’une IA sûre et digne de confiance. Sur ce registre, l’Europe dispose d’une avance précieuse sur le reste du monde, notamment grâce à une légitimité historique sur la protection des droits fondamentaux ou encore des expertises dans les domaines clés des IA dignes de confiance (IA explicable, IA frugale, IA respectant la vie privée, etc.).
Par ailleurs, dans le domaine des IA industrielles et dignes de confiance, il y a fort à parier que les éléments qui ralentissent le développement d’IA européennes, comme l’accès aux données ou à d’importantes capacités de calcul, soient moins handicapants.

Verticalité et confiance, deux attributs qui ne sont pas sans rappeler le positionnement stratégique de Numspot qui, à l’instar d’un petit nombre de clouders français, peut constituer le socle d’hébergement de systèmes d’IA 100% souverains et dignes de confiance.

En jouant ses deux cartes maîtresses, la donnée industrielle et la confiance, et en créant des modèles économiques scalables, l’Europe peut conserver une place de choix à la table des puissants de ce monde. Ce faisant, elle pourra se positionner en cheffe de file d’une troisième voie, celle du « pragmatisme volontairement optimiste ».

A la table de l’IA, les mises sont encore ouvertes, donc acteurs européens, empressez-vous de « faire vos jeux » !

A propos d’Imène Kabouya, Associate Partner chez Wavestone

Imène Kabouya est Associate Partner et membre du Board de la practice Public Sector chez Wavestone, un des leaders du conseil en Europe, dont la mission est d’éclairer et guider les grandes organisations dans leurs transformations les plus critiques, qu’elle a rejoint en 2007. Elle est experte en transformation numérique et gestion de programmes complexes, et sur les sujets liés à l’intelligence artificielle, la souveraineté numérique et l’innovation.

A propos de NumSpot

NumSpot est un acteur du cloud souverain et de confiance. Né de la volonté de 4 entreprises françaises de premier plan des secteurs public et privé (Banque des Territoires, Docaposte, Dassault Systèmes et Bouygues Télécom), NumSpot propose une offre de cloud indépendant, souverain et robuste adossé au IaaS d’OUTSCALE qualifié SecNumCloud. NumSpot est un cloud réversible et transparent, basé principalement sur l’open source et des solutions européennes. L’offre NumSpot s’adresse prioritairement aux secteurs confrontés à une forte sensibilité des données (secteur public, santé, services financiers et assurance, OIV et OSE) en France et en Europe, et à la recherche d’une solution souveraine et de confiance en accord avec les règlementations RGPD et européennes. NumSpot fait ainsi le choix d’œuvrer pour l’intérêt général en proposant un véritable pacte de confiance entre un fournisseur de cloud, ses clients et les citoyens européens. 

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